09 - Joseph ROCK
Joseph Francis ROCK prêt pour une nouvelle expédition (1925)
Résumé
Joseph Rock (1884-1962) est sans doute l’explorateur de Chine le plus étonnant et fascinant. Autodidacte, il va devenir, aux yeux des américains, un des botanistes les plus réputés du XXème siècle, mais aussi spécialiste de multiples langues orientales, anthropologue de terrain pratiquant « l’observation participante » et journaliste soucieux de faire connaître ses pérégrinations. Après une première expérience botanique approfondie à Hawaii, il passe une grande partie de sa vie à explorer principalement le Yunnan, le Sichuan, le sud-est de Gansu et le Tibet. Initialement ses missions consistent à collecter des plantes notamment pour l’Arboretum Arnold de Havard, mais ensuite il se consacre avec bonheur, au gré de ses centres d’intérêt, de ses contrats, à des études cartographiques, ethnographiques et linguistiques, notamment de l’ethnie Naxi. L’absence de formation universitaire lui permet de décloisonner toutes les disciplines qu’il pratique avec talent. Il se fera connaître aussi, en tant qu’auteur et grand reporter, en publiant des récits de voyages dans le célèbre magazine National Geographic, accompagnés de remarquables photographies. Ses articles d’exploration suscitent beaucoup d’intérêt et font rêver son lectorat à des « mondes perdus ». La fameuse et magnifique pivoine qui porte son nom (Paeonia rockii) présente aux Jardins du Loriot symbolise, à nos yeux, tout son génie.
Un massif est dédié à Joseph ROCK. Il est signalé par une Balise chinoise surmontée d'un Gramophone qui se trouve entre la station n° 33 - L'envol de Garuda et la station 21 - Chemin vert de la Renaîtrie.
L'incroyable J-F ROCK
Sa jeunesse autrichienne
Joseph Rock est né à Vienne le 13 janvier 1884. Il est le fils d’un vieux valet de chambre du comte polonais Potocki, prenant ses quartiers d’hiver en son palais viennois. On peut essayer de comprendre sa personnalité hors normes en saisissant quelques bribes de son enfance peu connue. Il perd sa mère, Franciska Hofer à six ans et son père va lui faire vivre des situations qui ne contribuent pas à adoucir sa peine au point qu’à 8 ans il s’enfuit de chez lui. L’enfant est tiraillé entre deux mondes sociaux, affectifs et culturels. Les capacités d’apprentissage hors norme de Joseph se développent au contact de ce milieu aristocratique cultivé. Le grand père du comte s’appelle Jan Potocki. Il est l’auteur du fameux roman fantastique « Le manuscrit trouvé à Saragosse », chef d’œuvre de la littérature de langue française. L’errance mystique des personnages du roman, que le jeune Rock, doué pour les langues, n’a pas manqué de lire, pourrait avoir une influence sur sa destinée, ses propres pérégrinations, tout autant, au passage que la mort que se donnera Jan Pocki. Le père du comte que côtoie Joseph est antiquaire orientaliste. On peut imaginer aisément la richesse de la bibliothèque du palais d’hiver qu’il avait plaisir à fréquenter. Elle ne manquera pas d’alimenter l’imaginaire et les rêves de l’enfant blessé par la disparition maternelle et l’attitude paternelle et souffrant, son avenir nous le dira, de la condition ancillaire paternelle. De toute évidence, Joseph se révèle un enfant surdoué qui souffre de sa condition sociale. Par chance, sa formation scolaire, que l’on peut imaginer mal adaptée à ses aptitudes et sa personnalité est complétée, par des enseignements particuliers dispensés par les précepteurs du jeune fils du comte. Joseph Rock développe rapidement des aptitudes linguistiques exceptionnelles à l’occasion de voyages en méditerranée avec le comte Potocki et sa suite. En Egypte il apprend ainsi, à l’âge de 10 ans, en quelques semaines, l’arabe et le pratique couramment. Il apprend le chinois à l’âge de 13 ans après avoir dérobé, au grand dam de son père, une méthode d’apprentissage de la langue dans la bibliothèque du comte.
La personnalité du jeune Joseph se révèle rapidement complexe, insaisissable. Il sait qu’il ne peut accepter l’injonction paternelle de devenir prêtre ou d’embrasser une carrière militaire. Il entend cacher son origine sociale. Il n’a pratiquement pas de relation avec les enfants de sa classe. Joseph est expulsé à l’âge de 13 ans avec perte et fracas du Schottengymnasium. Sa scolarité s’arrête à ce moment sans qu’il ait obtenu un quelconque diplôme. Malgré le soutien constant de sa sœur ainée Irma, il rompt les liens avec son père. Il va voyager, sans le sous vaillant, à travers l’Europe et l’Afrique du nord pendant quatre ans en exerçant des petits boulots mais aussi en dispensant des cours particuliers. En Angleterre, on lui diagnostic la tuberculose. Il retrouve Irma à Vienne qui le soigne. Il est possible qu’à cette occasion il suive des cours en candidat libre à l’université Alma mater de Vienne. Puis il repart à la recherche du soleil en Italie, à Tunis et à Malte. Ses activités sont intenses, variétés et ses déplacements sont incessants en Allemagne, en Belgique… C’est en sortant d’un séjour dans un hospice d’Anvers en 1905 que Joseph Rock prend la décision de s’embarquer comme steward sur un bateau en partance pour New York.
A ce moment, il maîtrise déjà 10 langues. Et il a rédigé sous forme manuscrite un manuel pratique de langue chinoise, 3 volumes seront publié en 1902
Séjour en Amérique du Nord
.Il survit en exerçant des tâches de plonge dans des restaurants à New York. En raison de la rechute de sa tuberculose ; il est contraint de partir se soigner au Texas, puis au Mexique et Californie. Il en profite pour se perfectionner à la langue anglaise. Contre l’avis de son médecin, Rock prend en 1907 la décision de partir à Hawaii..
La période hawaienne
De 1907 à 1920, Joseph Rock vit à Hawaii. Il se fait embauché comme professeur de latin et de botanique, alors qu’il ne connaît rien à cette dernière matière. Il a su convaincre son employeur en lui présentant un faux diplôme d’université. S’il n’a pas de formation botanique, sa connaissance du latin est un sérieux atout pour assimiler et expliquer le système de désignation binominale des plantes défini par Linné ! Il n’a aucune difficulté pour préparer ses cours, il suffit de prendre un peu d’avance sur ses élèves ! Il se forme avec une rapidité extraordinaire à la botanique et enseigne avec tellement d’aisance qu’il se fait remarquer des professeurs de l’Université de Honolulu. L’institut de botanique lui propose d’organiser une expédition dans les jungles locales afin de faire l’inventaire des plantes inconnues. En moins de dix ans, il devient le meilleur spécialiste de la flore hawaïenne. Il publie à ce sujet cinq livres et 50 articles.
Cette période est féconde, il sait tirer parti à la fois ses origines sociales et des ambitions nourries au contact d’une aristocratie brillante et mobiliser son génie. Hors d’un formatage universitaire, il crée sa propre méthode de travail qui tient compte de son intuition, ses affects, sa capacité à se mettre en relation avec les bons interlocuteurs locaux. Sa période à Hawaï est très fructueuse. Ses travaux sont publiés dans des revues scientifiques.
24 ans de pérégrination en Chine
Texte
1 - Joseph Rock et les Naxi - "13 à la douzaine" .
2 - Joseph Rock, Alexandra David-Neel, le lama Yongden à la Mission du père Jean-Baptiste Ouvrard
Les chemins des explorateurs aux Marches du Tibet se croisent rarement, sauf lorsqu’ils font halte dans les missions ou les cités, y compris les plus reculées. C’est dans ces circonstances une bien singulière rencontre qui a lieu en octobre 1923 à la Mission catholique de Tsedjrong qui se trouve sur le bord du Mékong, à 4 km au nord de l’ancienne Mission de Tsekou où plusieurs missionnaires ont été assassinés en 1905 (voir notre article sur l’explorateur Georges FORREST) . L’abbé Jean-Baptiste Ouvrard, Vendéen originaire de Saint-Vincent-de-Puymaufray, responsable de la mission, reçoit le 20 octobre, l’exploratrice Alexandra David-Neel et son fils adoptif, le lama Yongden.
Ils ne viennent pas à l’improviste. Quelques semaines auparavant, à Likiang (là où Rock a sa résidence) la « Française » a demandé au père J-B Ouvrard s'il pouvait leur ouvrir prochainement les portes de sa mission. Le Vendéen est plein de prévenance et d’hospitalité à l’égard de cette dame française accompagnée d'un jeune lama, même s'ils ne partagent pas les mêmes croyances. Il l’informe qu’il lui faudra traverser le fleuve sur une poulie suspendue à une corde de bambou pour arriver à sa mission. Ce n’est pas ce mode de transport particulièrement risqué qui va effrayer l’aventurière. Elle en est coutumière.
Le Père Ouvrard côtoie régulièrement les risques que présente une telle traversée lorqu’il va remplir ses missions sur la rive gauche du Mékong, avec ses assistants et… sa mule. De surcroît il est nécessaire de prévoir des passeurs des deux côtés de la berge. L’un pour aider au départ, l’autre pour aller rejoindre "l'envoyé" et le remonter jusqu'à la rive d'arrivée.
Drôle de coïncidence, le lendemain, Joseph Rock qui herborise dans la vallée du Mékong, contrée du Yunnan particulièrement riche sur le plan floristique (voir notre article consacré aux découvertes botaniques du Père Jean Marie Delavay et celles du Père André Soulié), frappe également à la porte du père Ouvrard. L’ « Autrichien » et la « Française » selon les expressions du père Ouvrard, se connaissent déjà. Mais cette rencontre ne fait pas l’affaire d’Alexandra. Elle vient à la Mission de Tsedjrong pour se délester de tout son équipement occidental d’exploratrice. C’est en mendiante qu’elle a l’intention de pénétrer dans le Tibet interdit. C'est décidé, elle va se rendre de la mission de Jean-Baptiste Ouvrard à Lhassa avec son fils. Aucune étrangère n’a vu à ce jour la cité du Potala. Elle prétexte qu’elle vient botaniser dans les environs. Personne n’est dupe. Elle n’est pas équipée pour herboriser. Rock prend enfin la décision de partir avant elle. « A malin, malin deux fois », Rock se doute probablement depuis sa première rencontre avec l'ancienne cantatrice de son intention de se rendre à Lhassa. Qelques temps après, Joseph trace le souvenir de cette rencontre dans son journal intime «Pendant que j’explorais et botanisais sur la chaîne enneigée qui sépareles grands fleuves, Madame Neel avait fait des plans pour traverser le Doke-la sacré du Kaakerpo du côté thibétain, je suis tombé sur son campement et j’ai su alors qu’elle se trouvait déjà dans une zone interdite ».
La relation de l'abbé vendéen avec J. F. Rock reste à approfondir. Le 27 juin 1928, il écrit à sa cousine Madeleine qui fait le lien avec sa famille : « Si cela te fait plaisir, tu sauras qu'un botaniste autrichien a donné notre nom de famille : « Meconopsis ouvrardi » à une fleur découverte sur la montagne du Sila entre Tsechong et Bahang. ». Cette dédicace honore certainemenent le père Ouvrard pour son hospitalité, sans exclure l'aide qu'il pouvait apporter en botanisant pour le compte de Rock. On connaît mieux sa contribution à la collecte de papillons pour la joie du grand collectionneur amateur rennais Oberthur et imprimeur du fameux almanach des Postes françaises !
Une variété de pavot bleu 'Meconoposis ouvrardi' est dédiée par Rock au Père Ouvrard .
3 - Les plantes collectées par JF Rock
La pivoine de Rock
texte...
4 - Lubies de Rock
5 - Rock et les mondes perdus
introduction
"Horizons perdu : le mythe de Shangri-la"}
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6 - Irène Frain et J. Rock : Le Royaume des Femmes
© Les Jardins du Loriot, 2019.
Saison 2020
Question n° 1 - Quelle est la capitale du Yunnan ?
Indice (s) : consultez la carte des provinces chinoises sur la Balise chinoise n° 1.